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Les bennes basculantes « Made in Quebec » – Des produits prisés et appréciés aux États-Unis

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Il faut parfois être loin de chez soi pour se rendre compte que l’ingéniosité et le savoir-faire québécois sont reconnus ailleurs. Et c’est en parcourant les allées du Work Truck Show à Indianapolis que nous avons constaté l’engouement des entreprises d’excavation et de déneigement américaines pour les bennes basculantes fabriquées ici.

Il n’y a pas que les grandes entreprises et multinationales québécoises qui font de bonnes affaires chez nos voisins du sud. De belles PME du Québec ont réussi, au fil des ans, à tirer leur épingle du jeu et à se bâtir une réputation solide et une clientèle fidèle aux États-Unis. Lors du récent Work Truck Show à Indianapolis, trois fabricants québécois de bennes basculantes faisaient partie des exposants : Bibeau, Beauroc et Lanau. Et les trois reconnaissent avec fierté que leurs produits sont en forte demande chez les entreprises américaines.

Chez le fabriquant de bennes Beauroc, on en est à environ 20 ans de présence au Work Truck Show d’Indianapolis. Et pour cause : le marché américain représente pour l’entreprise la majeure partie de son chiffre d’affaires.

« Le Québec possède une belle expertise dans la construction de bennes de camion », nous raconte Nathalie St-Pierre, directrice générale chez Beauroc, au kiosque de l’entreprise au WTS. « Le design de la benne québécoise et canadienne est vraiment avant-gardiste. On a été parmi les premiers à éliminer les longerons de traverse, à avoir un dessous de benne uniforme, où la boue ne s’accumule pas. Nous avons été parmi les premiers à utiliser l’acier Hardox, l’acier spécialisé de la compagnie suédoise SSAB. L’utilisation de cet acier nous a permis d’éliminer les poteaux verticaux et les renforts horizontaux, pour avoir un produit plus fort, plus léger, plus aérodynamique. »

Nathalie St-Pierre, directrice générale chez Beauroc

Lanau Industries connaît aussi un vif succès sur le marché américain. Martin Rondeau, directeur général, nous confirme que l’entreprise de Lanaudière exporte 40% de son chiffre d’affaires aux États-Unis. Son client le plus important en sol américain est situé en Floride.

« Ça fait plusieurs années que les Américains achètent les bennes fabriquées au Canada et au Québec. Nos bennes ont une bonne renommée. Les Américains savent que le travail qui est fait au Québec est bien fait. Et on est compétitif au niveau du prix, malgré le coût du transport. »

Des clients satisfaits

Preuve de cette réputation, nous avons rencontré Scott Soper, au Work Truck Show. Son entreprise de transport en vrac située à Oshkosh au Wisconsin, Soper Trucking, compte pas moins d’une centaine de camions à benne. Pour l’achat de ses bennes, il fait confiance à Bibeau ou Beauroc.

« Les bennes de camion canadiennes sont tout simplement mieux fabriquées que les produits américains. La construction, l’acier, les soudures, elles sont, globalement, des produits de meilleure qualité. Et nous apprécions leur réponse à nos demandes pour des bennes sur mesure. »

Un son de cloche semblable à celui de Christian Stang de Gincor, qui achète et installe des bennes Bibeau et Beauroc partout au Canada, et dans l’ouest du pays, pour certains clients américains situés près de la frontière.

« Il y a des gros manufacturiers aux États-Unis. Mais les produits canadiens tendent à être de meilleure qualité et de plus haute gamme que les produits américains. Nos fabricants sont habitués de faire du sur-mesure, tandis qu’aux États-Unis, c’est plutôt de la fabrication de masse de produits standards. Et ici, les acheteurs sont plus prêts à payer pour la qualité, et c’est ce qui a permis aux produits canadiens de se démarquer. »

Nous avons croisé, dans les allées du Work Truck Show, Vincent Brault de l’entreprise Soudure Brault à Dunham en Estrie, qui fabrique des bennes en aluminium. Bien que Soudure Brault ne soit pas exposant à Indianapolis, l’entreprise a bien noté cet intérêt des acheteurs américains pour les produits de qualité fabriqués ici.

« Je suis à Indianapolis pour voir ce qui se fait aux États-Unis, mais aussi pour tâter le terrain pour d’éventuels distributeurs. Le premier pas pour nous, c’est de développer un réseau de distribution. Les Québécois sont fiers des produits qu’ils fabriquent. Ils veulent que ce soit durable, peu importe le prix. On s’est toujours battu pour vendre notre produit et la valeur de notre produit, au lieu de réduire la qualité pour accoter un prix. »

Tarifs et main-d’œuvre

Malgré ce succès incontesté des bennes québécoises et canadiennes au sud de notre frontière, les fabricants de bennes font face à d’importants défis. Parmi ceux-ci, la pénurie de main-d’œuvre. Cette pénurie, qui se fait sentir partout, est encore plus importantes dans une industrie où la main-d’œuvre est la clé du succès. Car comme toute autre industrie, celle des bennes de camion a bien évolué.

« Ça fait 20 ans que je suis dans l’industrie, et il y a 20 ans, on fabriquait beaucoup de bennes à l’avance », nous explique Nathalie St-Pierre de Beauroc. « Elles étaient pratiquement toutes de la même grandeur, du même modèle, il n’y avait pas beaucoup de différences. On les fabriquait à l’avance, durant la saison tranquille. Et quand la saison de la construction arrivait, on vendait les bennes. Maintenant, les manufacturiers doivent faire des choses pour se démarquer, et le sur-mesure a pris beaucoup de place. On ne peut plus fabriquer des bennes à l’avance, parce que tous les clients ont des particularités. Ça devient de plus en plus complexe à gérer. Il faut vraiment aller vers des systèmes qui nous aident à gérer tout ce sur-mesure. »

Ces changements ont mis beaucoup de pression sur la main-d’œuvre, poursuit-elle.

« C’est là qu’il faut innover, et commencer à introduire la robotisation, parce que la main-d’œuvre se fait de plus en plus rare. »

Vincent Brault de Soudure Brault souligne lui aussi ce défi.

« Nos ventes sont limitées par nos capacités de production, la main-d’œuvre. On s’en est sorti pas si mal, grâce aux réseaux sociaux. Mais on parle de plus en plus de robotisation. »

Autre inquiétude des fabricants de bennes : les tarifs douaniers sur l’acier. Pas tellement ceux imposés par Washington, mais plutôt la réplique venue d’Ottawa. L’industrie est évidemment une grande consommatrice d’acier, la plupart venant des États-Unis. Et comme les produits font un aller-retour de chaque côté de la frontière, les tarifs compliquent les choses, nous confie Martin Rondeau de Lanau Industries.

L’équipe de Lanau Industries

« Présentement, on achète de l’acier américain sur lequel le gouvernement canadien impose des tarifs douaniers. Sur les bennes qu’on vend ensuite aux États-Unis, on peut récupérer une portion de la taxe, mais ça fait mal quand même. Ce n’est pas simple de récupérer ces montants. On espère un changement, mais on ne sait pas. »

Tous les manufacturiers rencontrés soulignent avoir bien hâte que se terminent les tensions commerciales avec les États-Unis, et que les tarifs, de chaque côté de la frontière, soient abolis.

Par Claude Boucher

Crédit photo de couverture: Sonya Messier

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