Depuis son introduction au printemps 2011, le Programme Écocamionnage a permis d’homologuer près de 200 technologies différentes, regroupées dans sept groupes distincts, allant de diverses composantes, comme l’anti ralenti, les systèmes auxiliaires de réduction de consommation, les ordinateurs de bord, les composantes aérodynamiques, et les motorisations utilisant un carburant de remplacement aux véhicules proprement dits (propulsion hybride ou électrique). L’aide financière couvre en moyenne 30% de la totalité des coûts d’achat et d’installation.
Suite au lobby exercé par l’ACQ, le Ministère a donc décidé de reconduire l’application du programme jusqu’au 31 décembre 2020. Une bonne nouvelle en soi pour de nombreux transporteurs et fournisseurs de l’industrie désireux d’adopter ces technologies plus vertes, ou dont les produits développés ne répondaient pas encore adéquatement aux demandes.
Pour toutefois être homologuées et ajoutées à la liste des technologies couvertes par le programme, ces composantes techniques doivent être testées et faire l’objet de rapports précis sur leur efficacité réelle. Ainsi, certaines entreprises ont développées une expertise certaine dans le domaine. C’est le cas, entre autres, du Groupe PIT (FPInnovations) qui, depuis dix ans maintenant, effectue les essais sur ces technologies.
« Le programme profite davantage à l’industrie qu’à nous. Notre rôle se limite à aider les entreprises, transporteurs et fournisseurs, à bien choisir leurs technologies, celles qui s’approcheront davantage des objectifs de réduction de consommation qu’elles visent. Dans ce sens, la reconduction du programme aide grandement. Au cours des derniers mois, une incertitude régnait, ce qui a fait en sorte que plusieurs entreprises attendaient avant d’investir. De plus, la bonification du programme, dont l’enveloppe atteint maintenant 77,5 M$, pourrait avoir un impact positif pour plusieurs transporteurs », nous indique le directeur du développement des affaires et des marchés chez Groupe PIT (FPInnovations), Yves Provencher.
D’autant plus que, selon ce dernier, certains transporteurs se laissent encore tirer l’oreille pour se doter de technologies vertes, générant des gains appréciables en consommation de carburant. Pour bien d’autres, le désir d’emprunter le virage vert est bien ancré et amorcé.
«Certains chauffeurs préfèrent encore conduire des camions présentant un design moins aérodynamiques, plus chromés, plus carrés et certaines entreprises optent pour emprunter cette avenue pour ne pas avoir de problème de recrutement», poursuit-il.
Néanmoins, le renouvellement périodique des flottes ne tardera pas à rattraper les flottes vieillissantes. La nouvelle génération de camions, proposée par les manufacturiers, mise sur les composantes aérodynamiques, les designs plus fluides et les ordinateurs de bord facilitant la gestion, pour optimiser les gains en consommation de carburant. Les appendices comme les jupes, qui permettent des gains de consommation allant de 5 à 8% à elles seules, seront à nouveau considérés. Pour les autres, on doit se rabattre sur des technologies générant de plus faibles gains en consommation.
« C’est là que Groupe PIT (FPInnovations) devient pertinent car tester des produits est notre raison d’être. Nos processus sont très rigoureux, pour permettre de mesurer ces gains minimes mais combien importants pour un transporteur. S’il n’y a qu’un gain de 1% à trouver, nous le trouverons », poursuit Yves Provencher
Assurer la pérennité
Toutes les instances impliquées sont heureuses que le MTQ ait reconduit le programme. Mais les enjeux demeurent, selon le président de l’Association du camionnage du Québec, Marc Cadieux.
« Nos efforts de lobbying ont été constants depuis l’annonce du Ministre Leitao, lors du budget de mars dernier, et celle du décret officialisant la reconduction du programme en novembre. Certes, les efforts du gouvernement sont louables, mais l’exercice sera à recommencer dans deux ans. À l’ACQ, nous prônons une vision à long terme, un programme établi pour la prochaine décennie, ce qui correspondrait véritablement au plan gouvernemental 2020-2030 en termes de développement durable. »
Normand Bourque, ingénieur et coordonnateur des dossiers techniques et opérationnels à l’ACQ, abonde dans le même sens.
« La bonification du programme est importante. Lors de son introduction en 2011, le budget alloué frôlait les 22 M$. En 2014, l’enveloppe fut gonflée, à 28 M$. Grâce au Fonds Vert, le gouvernement injecte près du triple pour aider les entreprises de transport à se doter des meilleures technologies possibles. C’est un grand pas dans la bonne direction mais on doit s’assurer que le programme soit maintenu de façon permanente. »
Logistique
Assurément, le programme Écocamionnage permet à plus de transporteurs de joindre le mouvement vert. À ce seul niveau, le gain est indéniable. Et outre les gains financiers reliés à la diminution de consommation de carburant, l’industrie est fortement préoccupée par les problèmes logistiques, en plus de la pénurie de main-d’œuvre qui la frappe. L’ACQ en fait l’un de ses enjeux de premier plan.
Par Richard Marcil
