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Gaz naturel: bonne ou mauvaise option ?

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Au cours des dernières semaines, les alternatives au diesel ont souvent fait la manchette que ce soit avec l'annonce de Tesla et ses camions électriques ou Toyota et son choix de l'hydrogène pour les véhicules lourds. Le gaz naturel est une autre solution, mais qui est loin d'être la vedette des projecteurs. Pourtant, il fait tranquillement, mais sûrement son chemin dans l'industrie du camionnage.

Au Québec, on compte près de 170 000 camions. De ce chiffre, moins de 1% roule au gaz naturel. Une goutte d’eau dans l’océan, mais pour les intervenants qui poussent cette technologie, le potentiel de croissance est énorme, surtout avec la reconduction du programme Écocamionnage annoncé au mois de décembre dernier. En plus de prolonger le programme jusqu’en 2020, le gouvernement provincial a haussé le plafond des dépenses admissibles à 100 000 $ pour l’acquisition d’un véhicule ou d’une technologie qui émet moins de gaz à effet de serre comme c’est le cas avec le gaz naturel. Cette majoration fait en sorte que l’aide pour l’achat passe donc de 15 000 $ à 30 000 $. Nouveauté, les véhicules usagés fonctionnant au gaz naturel sont aussi admissibles à une aide financière qui varie de 5 500 $ à 10 000 $ en fonction de l’âge des véhicules. Avec ces mesures, le gouvernement a comme objectif d’atteindre 12 000 véhicules moins polluant pour 2020 et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Réunir les conditions gagnantes

Président et fondateur de C.A.T, Daniel Goyette, fait parti de ces entrepreneurs qui ont été parmi les premiers a adopté le gaz naturel. En tout, sa flotte compte 110 camions qui fonctionnent avec ce carburant et il entrevoit faire l’achat de 40 autres véhicules. Il voit d’un bon œil l’aide gouvernemental, mais soutient que la conversion est plus difficile aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2014. « Quand le dollar était au pair, le coût d’achat valait la peine, surtout que le diesel n’arrêtait pas de monter. Aujourd’hui, avec une augmentation de 30 % en raison de la valeur du dollar et des coûts plus bas pour le diesel, il faut plus de temps pour rentabiliser la surcharge qu’engendre ce type de camion », mentionne l’homme d’affaires.

Il est vrai qu’un camion au gaz naturel coûte 30 % de plus à l’achat qu’un véhicule diesel. En contrepartie, ce carburant est moins cher et moins sujet aux fluctuations de prix que le diesel. « Les chiffres sont là, on parle d’environ 0.60 $ pour le gaz naturel et 0.90 $ ou 1 $ pour le diesel», souligne Olivier Sylvestre, directeur du développement du transport du gaz naturel pour EBI.

Cathy Lussier, directrice des ventes et de la location et Stéphanie Lussier-Dalpé, directrice régionale chez Camions Excellence Peterbilt offrent une gamme de véhicules vocationnels au gaz naturel. Avant de faire ce choix, elles mettent cartes sur table et font voir les deux côtés de la médaille aux entrepreneurs. D’abord, oublier les moteurs 15 litres, les véhicules au gaz naturel existent seulement en format de 12 litres. « Pour choisir un véhicule au gaz naturel, il faut avant tout que ce dernier fasse du sens dans les opérations d’une entreprise. Il faut évaluer la route et la présence des stations de remplissage, le kilométrage et les contraintes physiques doivent être pris en compte. Le réservoir de gaz naturel ne convient pas à n’importe quel équipement. Il y a aussi la question de poids, le véhicule ne doit pas devenir trop  lourd », soutiennent les deux directrices. Pour contourner ce problème, elles suggèrent aux autorités de permettre un droit de surcharge comme cela se fait aux États-Unis pour les équipements au gaz naturel.

Aucun camion au gaz naturel ne sort de l’usine prêt à être utilisé, Camions Excellence Peterbilt propose une solution clé en main selon les particularités de chaque projet.

Malgré toutes les questions et l’étude de chaque projet, le gaz naturel comporte tout de même de nombreux avantages en dehors des économies à l’échelle du carburant. Côté environnemental, tous s’entendent pour dire que même s’il s’agit d’une énergie fossile, il est moins dommageable pour l’environnement. « Le gaz naturel permet de réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) et il diminue de 90 % le rejet de particules fines comme l’oxyde de soufre un des responsables du smog dans les villes », souligne Thierry Salem, directeur des ventes, marché du carburant pour Énergir, le nouveau Gaz Métro.

Cathy Lussier et Stéphanie Lussier-Dalpé croient que si les villes accordaient des points supplémentaires à l’obtention de contrats aux compagnies qui utilisent des véhicules plus verts comme c’est le cas dans certains pays européens, cela pourrait grandement aidé à l’accélération à leur adoption.

La résistance des chauffeurs, un défi à surmonter

Pour les employés, la conduite de ce type de véhicule aurait des points positifs pour leur santé. « Il y a moins d’odeur, de vibrations et c’est moins bruyant que des équipements au diesel», mentionne M. Salem. Daniel Goyette est à même de constater ces avantages pour ses conducteurs. Malgré tout, il doit tout de même faire face à de la résistance de ces derniers. Parmi leurs doléances, l’autonomie, le temps de remplissage et la force du moteur. « Dans les régions montagneuses, le véhicule doit travailler plus fort. Plusieurs ont une perception négative de ce type de camion. Ils ne veulent rien savoir. Aussi, ce n’est pas n’importe quel mécanicien qui est capable d’entretenir cette technologie. Il faut de la formation tant pour les garagistes que pour les conducteurs », souligne l’homme d’affaires. Pour favoriser l’adoption du gaz naturel, il suggère que le gouvernement mette en place des avantages fiscaux pour les chauffeurs qui acceptent de conduire ce type de véhicule. « Il y a une pénurie de chauffeurs. Même si j’achète plus de camions au gaz naturel, je ne suis pas plus avancé si je n’ai personne pour les conduire. Un crédit d’impôt peut devenir attrayant et pourrait inciter les chauffeurs à faire le saut.»

EBI prend le taureau par les cornes

En l’absence de station de ravitaillement comme celle-ci, Énergir, le nouveau Gaz Métro, offre aux transporteurs la possibilité de louer une station mobile de ravitaillement.

Il y a en ce moment près de 1 000 stations de ravitaillement de gaz naturel aux États-Unis. Donc, il est facile pour les transporteurs de faire la route chez nos voisins du Sud sans trop s’inquiéter. Au Québec, la situation n’est pas la même. Le ravitaillement est le nerf de la guerre et un des principaux freins pour les entreprises de camionnage. En tout, il y a 30 stations de ravitaillement dont seulement 10 sont publiques.

Par Julie Roy

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