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Industrie en retard – La lenteur des livraisons de Classe 8 nuit à l’économie

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La société américaine experte en intelligence d’affaires, FTR, dévoile que les rapports préliminaires démontrent que les ventes de camions de classe 8 en Amérique du Nord pour le mois de juin 2018 atteindraient 41 800 unités. Il s’agit du plus haut total jamais atteint pour un mois de juin et un nombre de 140 % supérieur aux ventes de juin 2017. Les ventes nord-américaines de camions de classe 8 ont dépassé les 40 000 unités mensuelles pour quatre des six premiers mois de 2018.

Les flottes commandent tellement de camions neufs que les manufactu­riers ne peuvent suivre la cadence à cause des difficultés encourues par les usines de production d’obtenir les pièces et autres composants requis des fournisseurs. Les délais de livrai­son sont de plus en plus longs alors que la production prend du retard parce que les flottes préfèrent commander plus rapidement pour tenter d’obtenir de l’espace sur les lignes de produc­tion plutôt que d’attendre. Les ventes de véhicules de classe en Amérique du Nord totalisent plus de 411 000 unités au cours des 12 derniers mois.

« La demande pour des camions de classe 8 augmente sans cesse à cause de la hausse de la demande pour le transport de fret et de la ca­pacité extrêmement serrée de l’indus­trie du camionnage », de dire Don Ake, vice-président des véhicules commer­ciaux chez FTR. « Toutefois la livraison est la proie de contraintes résultant du fait que les fournisseurs et de pièces et composants ne peuvent suffire à la demande des manufacturiers de camions qui accusent donc du retard dans la production. Ce goulot incite les flottes à placer des commandes mal­gré tout afin de recevoir les nouveaux camions plus rapidement dès qu’ils seront disponibles. »

Don Ake, VP véhicules commerciaux chez FTR

Les manufacturiers de camions de classe 8 ne nient aucunement que la cadence soit un peu plus tendue en ce moment. Chez Volvo Trucks North Ame­rica, le porte-parole Brandon Borgna a déclaré : « Effectivement, la force actuelle du marché des camions de classe 8 met énormément de pression sur la capacité des fournisseurs à tra­vers l’industrie. Chez Volvo, nous tra­vaillons à minimiser les effets de cette pression sur notre système de produc­tion à l’usine River Valley de Dublin en Virginie alors que l’accueil que nos clients ont réservé aux nouvelles séries VNR et VNL est très positive et l’afflux de commandes en témoigne. Nous en­courageons nos clients à travailler avec leur concessionnaire de camions Volvo afin de discuter de leurs besoins. »

Les transporteurs et les gestionnaires de flottes ont désespérément besoin d’équipement mais il y a des rup­tures d’inventaire pour les camions. Cette pénurie engendre un nombre in­croyable de commandes pour des ca­mions de classe 8 de la part de flottes qui se retrouvent dans une situation particulière. « Si les manufacturiers de camions pouvaient produire à pleine capacité dans leurs usines res­pectives, ils pourraient en construire 360 000 unités en 2018 », de pour­suivre Don Ake, qui croit que ce goulot dans la chaîne d’approvisionnement représente une menace économique importante.

« Le marché des camions de classe 8 roule à plein régime cette année et cela se traduit par des défis de taille pour nos fournisseurs dans l’industrie des véhicules lourds », explique Jonathan Randall, vice-président senior ventes nord-américaines et marketing chez Mack Trucks. « Nous travaillons étroite­ment avec nos fournisseurs afin de mini­miser les impacts sur notre production. De plus, le nouveau Mack Anthem génère de la demande de la part des clients. Il nous est impossible de discuter des spécificités par rapport à nos délais de livraison et notre production, nous invi­tons nos clients à communiquer avec les concessionnaires Mack pour s’enquérir sur le statut de leurs commandes. »

Jonathan Randall, VP senior ventes nord-américaines et marketing chez Mack Trucks.

L’index PMI (Purchasing Managers Index) de l’Institute for Supply Mana­gement a atteint 60.2 en juin dernier, soit plus que la note de 58.7 du mois de mai précédent. Une note de plus de 50 représentant une croissance soutenue, 60.2 traduit une croissance plutôt robuste. Cela ne veut pas dire pour autant dire que tout va pour le mieux dans le secteur manufacturier. Des données qui ne peuvent être igno­rées dans le sous-index indiquent que les livraisons des manufacturiers ont ralenti de façon importante au mois de juin. Normalement, le manque de main-d’oeuvre est la principale raison d’un tel ralentissement.

« Tous s’accordent à dire que la force du marché repose sur le PIB au Cana­da et aux États-Unis ainsi que sur les bas taux de chômage et une industrie de construction vigoureuse. Les usines de Kenworth de Chillicothe en Ohio et de Renton, dans l’état de Washington fonctionnent à plein régime tout comme l’usine de PACCAR à Sainte-Thérèse, afin de rencontrer le haut volume de commandes provenant des gestion­naires de flotte et des opérateurs pour le nouveau camion de route Kenworth T680 et notre chef de file vocationnel Kenworth T880 ainsi que nos modèles conventionnels de classe moyenne T270 et T370. Plusieurs clients placent déjà des commandes pour 2019 », af­firme Kurt Swihart, directeur du marke­ting chez Kenworth.

Si cette rareté de la main-d’oeuvre se répercute au sein des fournisseurs d’une usine de production, la chaîne d’approvisionnement peut en être gra­vement affectée et les cédules de pro­duction et de livraison ne peuvent plus être respectées. La croissance écono­mique actuelle est d’une telle force que toutes les entreprises doivent piger dans le même bassin pour recruter de la main-d’oeuvre et cette dernière se fait de plus en plus rare. « Toutes ces conditions problématiques sont bien présentes dans l’industrie des équipe­ments de classe 8 », de poursuivre Don Ake. « Les chiffres précis sont difficiles à obtenir mais des sources à l’intérieur de l’industrie me disent que plus de 30 pièces donnent du fil à retordre aux usines de camions parce qu’elles sont de plus en plus rares sur le marché. Il y aurait présentement plus de 10 000, peut-être même 15 000 camions neufs manquant des pièces stationnés dans les cours des usines en attente des composants requis pour les compléter. »

Assemblage d’un camion Freightliner Cascadia dans un des usines de Daimler Freightliner au États-Unis.

« Chez Daimler Freightliner, nous accep­tons présentement des commandes qui seront livrées en 2019. Avec les demandes pour des camions de classe 8 qui ne cessent d’augmenter, il a fallu mettre de le pression sur nos niveaux de production et toute l’industrie fait face à des contraintes d’approvision­nement et des délais de livraison s’en suivent », déclare Paige Jarmer, porte parole pour Daimler Freightliner. « Der­nièrement, nous avons commencé à entrevoir que la situation s’amélio­rait quelque peu. Avec la quantité de commandes entrant en 2018, nous sommes reconnaissants envers nos clients et la confiance qu’ils placent dans notre réseau de concessionnaires et nos camions. »

Il n’y a pas de boule de cristal pour prédire quand le goulot d’étranglement cessera et même si les éléments man­quants finiront par arriver à l’usine, il faudra trouver le moyen de livrer tous ces camions à leurs nouveaux proprié­taires. Ceci présentait déjà un problème de logistique il y a plusieurs mois alors que les manufacturiers de camions pei­naient à trouver des chauffeurs pour li­vrer les camions avant le goulot. Inutile de spécifier que la pénurie de chauf­feurs représente un problème bien réel dans le monde industriel de nos jours et qu’aucune solution miracle ne pointe à l’horizon.

« La majorité des discussions sur les tarifs douaniers imposés par le Pré­sident Trump sur certain produits im­portés aux États-Unis sont concen­trées sur les prix. Toutefois, il ne serait pas surprenant que ces tarifs aient un impact négatif sur la chaîne d’approvi­sionnement à court terme », continue Ake. « Les serpentine en aluminium venant de Chine et les inventaires d’acier provenant d’autres pays pour­raient bien être dévoyés à cause des tarifs. Les manufacturiers américains auront besoin de ces composants pour construire des biens. Pour une chaîne d’approvisionnement performant déjà au ralenti, les tarifs ne font qu’ajouter aux problèmes. À un certain moment, le manque de capacité de camionnage, en partie à cause du manque de ca­mions neufs, pourrait freiner la crois­sance économique. »

Par Guy Hébert

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