Marc Blouin œuvre dans le transport du bois depuis 22 ans, dont 11 au sein de l’entreprise qui porte son nom, établie à Saint-Isidore-de-Clifton, dans la MRC du Haut-Saint-François. Comme il y a très peu de forêts publiques dans les Cantons de l’Est, tout le bois qu’il transporte est récolté en forêt privée. Quand le marché du bois de construction tourne au ralenti, c’est toujours en forêt privée où les effets se font sentir en premier, confirme-t-il.
Dans cette MRC voisine de la frontière américaine, les scieries locales s’approvisionnent presque exclusivement en forêt privée, des deux côtés de la frontière. Dans la région, les volumes transportés et transformés sont plus petits, note Marc Blouin. Quand la demande est moins forte, le prix offert aux producteurs de bois en forêt privée descend, et les propriétaires réduisent ou cessent de couper le bois. Ça n’affecte pas le prix payé aux transporteurs, mais les voyages de bois se font moins nombreux.
Le camion de Marc Blouin se déplace dans un rayon d’environ 100 km, et plusieurs des usines où ils livrent le bois sont considérées comme des scieries frontalières. Celles-ci ont pu obtenir des exemptions durant la période de mise en vigueur de l’Accord sur le bois d’œuvre résineux (ABR), entre 2006 et 2015, et n’ont pas eu à payer de droits compensatoires.
À la suite de la crise immobilière dont les effets ont commencé à se faire sentir dès 2007, la demande pour le bois s’est effondrée, et plusieurs usines ont fermé leurs portes. Marc Blouin se considère chanceux, car ses principaux clients sont restés actifs, notamment la Scierie Lauzon à East Hereford (MRC de Coaticook), la Scierie Fontaine à Saint-Augustin-de-Woburn (MRC du Granit) et l’usine Carrier Bégin à Saint-Honoré-de-Shenley (MRC Beauce-Sartigan).
Pour l’instant, Marc Blouin dit n’avoir pas reçu d’échos de la part de ses clients quant aux effets possibles d’une cinquième guerre commerciale sur le bois d’œuvre. « On n’en entend pas vraiment parler. Tout ce qu’on sait, c’est que les cours à bois des usines sont pleines de billots. À l’automne, ce n’est pas normal », conclut-il.
Gros bouleversement
Alexandre Côté, de Cookshire-Eaton, confirme que les cours à bois des usines sont pleines dans la région. L’activité principale de la compagnie de transport, fondée par son père il y a 35 ans, a toujours été de livrer du bois d’œuvre transformé au Québec vers le marché américain, avant de rentrer au Canada avec des billots de bois prélevés dans les forêts privées des États américains limitrophes. Depuis l’automne, le portrait a changé radicalement. « Il est venu un temps où ça n’était plus possible de ramener des billots au Québec, car les cours à bois étaient presque toutes pleines », dit-il. « Du jour au lendemain, il y a quelques mois, nos clients ne voulaient plus prendre de bois provenant des États-Unis », explique-t-il.
Lisez l’article complet dans l’édition de Décembre de Transport Magazine