« Nous répondons à environ 125 commandes corporatives par jour. Nous vendons quelque 2000 produits à l’heure, 24 heures sur 24, et ce d’un bout à l’autre du pays », précise Mario Lamarche, le directeur du Groupe Dissan. C’est seulement en visitant leur nouvel entrepôt, inauguré à Anjou en septembre dernier et d’une superficie doublée à 50 000 pieds carrés, que l’on comprend à quel point les produits de nettoyage et d’hygiène sont nombreux, complexes. Quatre marchés aux besoins très différents y existent à parts presque égales : l’industriel, l’institutionnel, les sous-contractants de nettoyage commercial ainsi que le secteur de la restauration et de l’hôtellerie.
Meilleurs, mais pas assez connus
Par la force de l’habitude, la plupart d’entre nous utilisons les mêmes produits et techniques, année après année. C’est ce que regrette entre autres Éric Veillette, copropriétaire de Multi Pression L.C. avec Jimmy Boudreault. « Nous luttons sans arrêt contre les anciennes habitudes. Depuis quatre ans, on voit des changements chez nos clients, mais il y a des produits qui ne sont pas encore assez connus ici. Par exemple, les nettoyeurs de surface, qui utilisent moins d’eau et de produits nettoyants et qui sont efficaces sur de nombreuses surfaces, tant à l’horizontale qu’à la verticale. » On peut les utiliser pour nettoyer le dessous de camions, des parois de réservoirs, des planchers, etc. Certains modèles se manipulent à la main ou debout avec une confortable poignée et offrent une puissance de jet atteignant fréquemment 4000 livres au pouce carré (psi).
Chez Safety-Kleen, que l’on connaît depuis les années 1950 pour leurs bassins de nettoyage des pièces mécaniques, de meilleures versions d’anciens items font leur apparition. « On améliore les machines et les produits. Les ingénieurs et les chimistes travaillent à les rendre plus efficaces, moins toxiques, plus durables… C’est par exemple le cas du solvant utilisé dans les lave-pièces, dont la température maximale d’utilisation est passée de 105 à 150 degrés, dans une machine qui a également été améliorée. Pour le savon à plancher, qui est une poudre qu’on mélange à de l’eau, si cela change de couleur en passant de l’orange au vert, cela indique à la personne qu’il y a trop d’eau utilisée. Cela facilite la manutention, l’efficacité et évite les erreurs », précise le directeur pour l’Est du Québec Stéphane Bolduc. Celui-ci ajoute que Safety-Kleen ne cherche pas à offrir les items les moins chers, mais bien les meilleurs sur le marché. « Les responsables du Grand prix de Trois-Rivières ont testé plusieurs produits absorbants à répandre sur la piste s’il y a un déversement. Celui qu’ils ont choisi est le nôtre, sans poussière, sans silice et qui peut très difficilement s’enflammer », ajoute-t-il non sans fierté.
Pour faciliter la formation et les manipulations
Un produit de nettoyage ne sera vraiment efficace que s’il a été conçu et utilisé correctement pour une tâche spécifique. Afin de s’assurer d’avoir le bon niveau de dilution, il existe des appareils proportionneurs que l’on fixe au mur. « Avec le roulement de personnel que connaissent de nombreuses industries, ces proportionneurs peuvent compenser un manque de formation et d’expérience. Bien identifiés et faciles à utiliser, ils mettent exactement la bonne quantité de produit dans l’eau pour obtenir les meilleurs résultats possibles, en plus de faciliter les manipulations », explique Richard Campbell, directeur des ventes de SaniDépôt à Anjou. Un modèle Knight LLC comporte par exemple de quatre à huit sorties pour autant de produits à diluer avec la concentration idéale à chacune des utilisations.
L’étiquetage clair et la simplification des processus sont également des facteurs de réussite, selon Éric Veillette de Multi Pression L.C. « Je viens de l’industrie du soudage, où l’on utilise des chartes avec des couleurs pour que tout le monde sache exactement quelle électrode et quel gaz inerte s’utilisent avec quel métal, pour éviter les incompatibilités et pour maximiser l’efficacité. On a introduit le même principe pour nos produits nettoyants, en créant une charte de sélection. En un coup d’œil, l’utilisateur sait quel produit utiliser pour quelle surface, que ce soit de l’aluminium, de l’inox, du plastique, des vitres, pour enlever du calcaire, de l’huile ou de la graisse alimentaire. »
Pour diminuer l’inventaire
Ces appareils, nettoyants, détergents, désinfectants, dégraisseurs et protecteurs de surface sont nombreux, et plusieurs penseront qu’ils occupent trop d’espace dans des locaux déjà encombrés. Heureusement, il est possible de restreindre l’espace nécessaire : « Plusieurs de nos clients sont des sous-contractants responsables du nettoyage d’usines, d’entreprises, de centres commerciaux. Avec le prix élevé pour chaque pied carré, l’espace qu’on leur accorde est souvent très petit, pas plus grand qu’une garde-robe! Pour répondre à leurs besoins nous effectuons des livraisons précisément quand ils en ont besoin, le soir, et avec exactement les bons produits. Pour eux c’est pratiquement une question de vie ou de mort qu’il n’y ait pas d’erreur! », lance Mario Lamarche de Dissan.
Une autre solution pour diminuer son inventaire est d’opter pour des produits polyvalents, qui peuvent remplir plus d’une fonction. C’est par exemple le cas du nettoyant MPSI-5011 QS de Multi Pression L.S. (QS pour « Quick Split », à séparation rapide compatible avec les capteurs d’hydrocarbures que l’on retrouve au plancher des ateliers mécaniques). « Il est efficace, vert, compatible avec les séparateurs d’huile et fait vraiment briller le chrome des camions! Il s’utilise à peu près partout, est sans danger pour la peinture, le caoutchouc et il est très efficace pour enlever le sel de nos routes et les traces d’insectes », ajoute M. Veillette.
Écologiques ET efficaces
Les produits écologiques disponibles il y a seulement quelques années n’avaient pas la réputation d’être aussi efficaces que les traditionnels, utilisant des solvants et d’autres matières dommageables pour l’environnement. Heureusement, les chimistes ont fait en sorte de rendre la plupart de ces substances efficaces en plus d’être biodégradables. Questionnez vos fournisseurs à sujet.
Une entreprise telle que Safety-Kleen a d’ailleurs fait de la protection de l’environnement son cheval de bataille, elle qui récupère, traite, reconditionne et remet sur le marché quantité d’huiles, de lubrifiants et d’autres produits chimiques. « Le mandat de nos chauffeurs est de nous représenter, de présenter l’éventail de nos produits, d’informer les gens à propos de meilleures pratiques, de leur apprendre à bien se servir des trousses de déversement… On nettoie les drains, les séparateurs d’huile, on vend les équipements nécessaires pour empêcher que cela coule dans les grilles au sol… C’est certain qu’il y en a qui nous appellent seulement après avoir reçu la visite d’un inspecteur, mais on remarque que le domaine s’améliore, que les gens sont plus sensibilisés à récupérer de la bonne façon leurs déchets », souligne Stéphane Bolduc. Leurs représentants effectuent des visites selon une fréquence déterminée à l’avance, en parcourant le même trajet, ce qui leur permet de cerner de mieux en mieux les besoins de leurs clients commerciaux.
Différents, les Québécois?
Selon plusieurs, les gens d’ici font l’acquisition, modifient ou se servent d’équipements industriels d’une façon différente du reste du Canada. Mais pour ce qui concerne le nettoyage et la salubrité, nous serions semblables aux autres. « Non, nous n’utilisons pas un papier de toilette différent, nos produits de nettoyage sont pareils aux autres et cela ne change pas quelle que soit la situation économique : même en période de récession nous avons encore les mêmes besoins », souligne Mario Lamarche, de Dissan. Et comme ailleurs, les entrepreneurs d’ici apprécient les appareils sans fil, par exemple les autorécureuses à plancher, populaires comme le souligne Richard Campbell, directeur des ventes du SaniDépôt d’Anjou.
De la place à l’amélioration
Les entreprises adoptent graduellement de meilleures pratiques sanitaires et de récupération des produits usés. Mais il reste encore place à l’amélioration. Par exemple, Éric Veillette considère que l’on se sert d’encore trop d’acides toxiques, que l’on utilise entre autres pour le nettoyage du béton. Les produits de remplacement progressent, mais lentement. De son côté, Stéphane Bolduc note que les gens ont encore des craintes à utiliser des huiles reraffinées. « Elles sont d’une grande pureté, on y ajoute des additifs de la meilleure qualité et elles réduisent jusqu’à 80% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à la production d’une nouvelle huile. Il faut vraiment les essayer. »
Et rentables
Se renseigner à propos des nouveaux produits sanitaires n’est pas qu’un choix écologique, il est également source d’efficacité. En adoptant par exemple des nettoyants polyvalents, qui nécessitent moins d’espace de stockage et dont la manutention est facilitée par des proportionneurs, on peut plus rapidement compléter ces tâches. Oui, modifier ses vieilles habitudes n’est pas facile, mais ces produits et pratiques perfectionnés en valent certainement la peine.
Par Frédéric Laporte