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Selon Tim Quinlan, l’économie canadienne dépend moins des États-Unis

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Pour son événement Conférence et Réseautage du 31 janvier 2019 au Club St-James, le Club de trafic de Montréal accueillait Tim Quinlan, directeur et économiste sénior de Wells Fargo. Diplômé du Sienna College d’Albany, NY et membre de l’American Association for Business Economics et la Canadian Association for Business Economics, Tim Quinlan travaille chez Wells Fargo depuis 2002 et est un collaborateur régulier du Wall Street Journal, du New York Times, du USA Today, de Bloomberg TV, CNBC et la National Public Radio. Pour son passage à Montréal, il avait préparé une conférence intitulée « Tendances économiques 2019 et leurs impacts sur l’industrie de la chaîne d’approvisionnement. »

« Nous devrions toujours craindre les démagogues qui sont prêts à déclencher des guerres commerciales contre nos amis, affaiblissant notre économie, notre sécurité nationale et l’ensemble du monde libre tout en se drapant cyniquement du drapeau américain. L’expansion de l’économie mondiale n’est pas une invasion étrangère, c’est un triomphe américain, que nous avons travaillé fort pour atteindre et un élément central de notre vision d’un monde paisible, prospère et libre. » C’est en utilisant cette citation datant de 1988 du président Ronald Reagan que Tim Quinlan a ouvert sa conférence.

Considérant qu’en ce moment le marché du travail est sans équivoque plus serré qu’il ne l’a été depuis les années 60, Tim Quinlan croit que « la plus importante menace planant sur l’économie américaine se veut l’adoption de politiques perturbatrices pouvant catalyser un ralentissement. » Dans son allocution, le conférencier a parlé des tarifs imposés sur l’acier et l’aluminium canadiens importés aux États-Unis en dévoilant ne pas comprendre pourquoi ils avaient été imposés en premier lieu et surtout pourquoi ils n’ont pas été éliminés après la signature de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). « Ce sont les entreprises américaines qui paient ces tarifs, ce que certaines personnes ne semblent pas comprendre. Les importations aux États-Unis de l’acier et de l’aluminium combinés représentent environ 4% de toutes les importations, ce qui limite l’impact de la fluctuation des prix sur l’ensemble des coûts totaux de toutes les importations et leurs effets sur l’inflation. Il y a une corrélation certaine entre les prix des importations d’acier et d’aluminium et l’inflation des coûts de toutes les importations », dit-il.

« Les manufacturiers transformant des métaux en produits intermédiaires ou finis, ou qui utilisent de l’acier et de l’aluminium, voient leurs coûts de production augmenter au fur et à la mesure que les tarifs entrent en vigueur. Pour les États-Unis, le Canada est notre plus importante source d’importation d’acier et d’aluminium alors que le Mexique se classe au troisième rang », poursuit l’orateur. « Avant l’imposition des tarifs par l’administration Trump, le prix des intrants pour les manufacturiers avait déjà commencé à augmenter à un rythme plus rapide en sept ans. Actuellement, les marges des manufacturiers ont atteint un sommet par rapport aux 17 dernières années, ce qui suggère une certaine marge pour absorber les coûts plus élevés de certains intrants. »

Lorsqu’il regarde les perspectives économiques du Canada, Tim Quinlan croit que le vieil adage qui veut que lorsque les États-Unis ont le rhume, le Canada se met à éternuer, est de moins en moins vrai : « En l’an 200, 80% des exportations canadiennes étaient concentrées aux États-Unis alors qu’aujourd’hui, cette donnée est beaucoup moindre. Le Canada a réussi à diversifier son porte-folio d’exportations en réussissant continuellement à développer de nouveaux marchés pour ses produits. Cela n’empêche en rien le fait que les États-Unis demeurent le principal partenaire commercial du Canada et que les échanges ne cessent de croître. Malgré tout ce qui se passe présentement aux États-Unis, le Canada ne trouvera jamais un aussi bon partenaire commercial que son voisin du Sud. »

Selon l’économiste, si le courant descendant des coûts du pétrole se stabilise, c’est-à-dire que si les prix cessent de baisser, le Canada pourra maintenir son élan actuel et peut-être même éviter d’être englouti par une récession se déclarant aux États-Unis. « Nous sommes présentement dans la dixième année du cycle reconnu de 10 ans entre les récessions, il ne faudrait donc pas se surprendre de voir une récession poindre à l’horizon au cours des prochains mois, ce n’est pas une certitude mais c’est quelque chose qu’il faut envisager. En ce moment, l’économie mondiale est entrée dans un certain déclin, beaucoup à cause des États-Unis qui la traine vers le bas. La Chine fait présentement face à ses propres problèmes et ne peut donc pas jouer un rôle de locomotive pour redresser la situation. Mais cette récession, si jamais elle se réalise, ne sera en rien comparable à celle de 2008. Les banques et institutions financières sont beaucoup mieux armées pour y faire face. »

Tim Quinlan

Par rapport à la guerre économique que se livrent présentement les États-Unis et la Chine, Tim Quinlan pense qu’on y accorde une trop grande importance : « Alors que les exportations américaines vers la Chine sont importantes en regard au volume, elles ne traduisent qu’une petite portion de toute la production industrielle américaine. Nous estimons que la valeur ajoutée englobée dans les exportations des États-Unis vers la Chine s’établit à seulement 0.5% de la valeur ajoutée de l’économie américaine dans son ensemble. »

Quant à la croissance de l’économie américaine, l’économiste réfute certaines affirmations : « L’administration Trump a répété à maintes occasions qu’elle envisageait une croissance réelle de 3% à 4%. Dans le budget 2018 du président, l’administration assumait que le taux de croissance du PIB était de 3% sur le long terme. C’est une donnée de loin supérieure à plusieurs autres prévisions et je crois pouvoir expliquer pourquoi. Le Bureau du budget du congrès (CBO – Congressional Budget Office) fournit l’étalon de choix pour les évaluations potentielles du PIB. Selon les projections du CBO, le rythme durable de la croissance est d’un peu moins de 2%. Pourquoi? Principalement à cause de la croissance plus lente de la population en âge de travailler mais aussi à cause d’une plus faible croissance des capitaux et de la productivité. »

Tim Quinlan dit craindre le fait que la dette américaine ne cesse de croître à des niveaux jamais atteints auparavant sans pouvoir en préciser les impacts sur l’économie américaine : « La recette pour se sortir d’une récession a toujours été d’investir massivement dans des projets d’infrastructures et autres pour créer de l’emploi et faire rouler l’économie. Comment pourrons-nous agir de la sorte avec une dette si gigantesque? »

Plus important prêteur hypothécaire aux États-Unis, plus important prêteur sur équipement aux États-Unis et plus important prêteur aux petites entreprises aux États-Unis, Wells Fargo est un géant qui investit dans son capital humain et dans les communautés où il est actif. Tim Quinlan se fie à ses qualifications ainsi qu’aux données générées par les activités de Wells Fargo pour adopter une position appuyant les politiques de la Réserve fédérale américaine (FED) et du Comité fédéral du marché libre (FOMC – Federal Open Market Committee) : « S’en prendre à la FED comme le fait présentement le président Trump est un geste perturbateur qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’économie américaine et du reste du monde. L’indépendance de la FED est d’une importance capitale et ne doit jamais être mise en péril. La Fed a travaillé très fort pour être respectée et devenir l’étalon monétaire pour les taux sur lequel les banques centrales de nombreux pays se fient. »

Et pour terminer sa conférence devant des membres du Club de trafic de Montréal, Tim Quinlan y est allé de cette affirmation : « L’ombrage que Donald Trump est en train de laisser sur le commerce international et les échanges avec le reste du monde prendra une génération avant de se dissiper. »

Par Guy Hébert

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