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Combien vaut une heure de votre temps?

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Dans cette édition de Transport Magazine, nous abordons un des sujets les plus tabous dans l’industrie du camionnage : le salaire des conducteurs et conductrices de camion. Sujet tabou, complexe et difficile à trancher clairement.

En 2017, Emploi-Québec publiait « Conducteurs et conductrices de camions de transport : le Diagnostic professionnel et état du marché du travail ». Ce rapport fixait à 18$ le salaire horaire médian des camionneurs, comparativement à 20$ l’heure pour l’ensemble des professions. Il soulignait aussi que « Au cours des dix dernières années, il a augmenté moins rapidement chez les camionneurs que dans l’ensemble du Québec ou que chez les professions du même genre ou du même niveau de compétence. ». Le diagnostic qualifiait la rémunération des camionneurs de « sujet complexe et épineux », soulignant que « les modes de rémunération, qui ne sont pas toujours adaptés au contexte de travail, comme la rémunération au kilométrage dans les zones où le trafic est dense, et le paiement ou non du temps d’attente (chargement/déchargement), constituent les principaux irritants. »

Deux ans plus tard, Camo-route publiait sa première enquête de rémunération des travailleurs de l’industrie du transport routier des personnes et des marchandises. On y apprenait que la rémunération annuelle d’un conducteur de camion longues distances se situait autour de 67 000 $ et de 56 000 $ pour celui ou celle effectuant du transport local.

Est-ce suffisant, dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre qui pousse les salaires à la hausse dans l’ensemble des secteurs? Ce salaire tient-il compte de la complexité de la tâche, des risques encourus sur la route par les conducteurs et conductrices de camion, des impacts sur la santé, du stress causé par l’augmentation constante de la circulation et la réglementation toujours plus stricte? L’industrie doit-elle et surtout peut-elle augmenter cette rémunération tout en demeurant concurrentielle? Et que dire du salaire au kilomètre, ou encore de l’exception qui permet aux transporteurs de payer le surtemps à compter de 60 heures, au lieu de la norme des 40 ou 45 heures qu’on retrouve dans d’autres industries ou corps de métier?

Le retard salarial n’est toutefois pas unique à l’industrie du camionnage, loin de là. Dans une étude titrée L’évolution des salaires réels au Québec de 1940 à 2018 :  Analyse historique et publiée dans L’Actualité économique de HEC en mars 2020, les professeurs Jacques et Jean-François Rouillard soulignaient qu’en janvier 2019, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Wilkins, affirmait devant la Chambre de commerce de Toronto que les salaires des Canadiens tiraient de l’arrière et ne tenaient pas compte des gains en productivité des entreprises. Dans cette même études, l’historien et l’économiste rappelaient que les salaires au Québec n’avaient que peu augmenté depuis près de 40 ans lorsqu’on tient compte de l’augmentation des prix à la consommation.

La réponse à ces questions est tout aussi complexe que les questions elles-mêmes, et nous ne prétendrons pas offrir de réponse dans nos pages. Toutefois, devant la pénurie qui ne s’est décidément pas résorbée dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, et en écoutant la grogne persistante chez les conducteurs et conductrices de camion qui estiment majoritairement que leur rémunération n’est pas suffisante, nous avons voulu ouvrir la porte à une réflexion, à la recherche de pistes de solutions.

Combien vaut une heure de votre temps? Il n’y a que vous qui pouvez répondre à cette question.

Bonne lecture!

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