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Le Groupe Morneau – Se réinventer depuis 80 ans

Groupe Morneau

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Qui ne connait pas le Groupe Morneau au Québec? Ses camions d’un beau bleu turquoise sont reconnaissables de loin, et sillonnent les routes de la province et au-delà depuis des décennies. Mais connaissez-vous réellement le Groupe Morneau? Alors que l’entreprise célèbre cette année son 80e anniversaire, Transport Magazine s’est entretenu avec ses trois leaders, André, Catherine et David Morneau, pour parler d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

C’est en 1942 que Pierre Morneau fonde l’entreprise qui a donné naissance au Groupe Morneau. Le but : relier la paroisse de Saint-Arsène dans le Bas-Saint-Laurent à la ville de Québec. Munis d’un permis de transport général, les camions de Pierre Morneau livraient la production agricole de la région vers les centres urbains, et ramenaient vers Saint-Arsène les produits et outils dont les agriculteurs avaient besoin. L’essence même du transport régional, qui imprimera dans l’ADN du nom Morneau sa raison d’être.  

Le fils de Pierre, Denis Morneau, rejoint son père dans l’entreprise, mais crée aussi en parallèle sa propre entreprise.  

« Il achetait les productions locales de pommes de terre et avait décidé de créer la marque Denis Morneau, une marque très connue à l’époque », nous explique André Morneau, fils de Denis. « Les patates étiquetées Denis Morneau, c’était un produit de haute qualité. Mon père répétait souvent : la qualité, c’est tout ce qui compte. » 

Le transport des pommes de terre de la région de Saint-Arsène vers Québec permet ainsi de remplir les camions en direction de la grande ville, pour ensuite rapporter vers Saint-Arsène ce dont la population avait besoin. Les entreprises de Pierre et Denis cohabitent durant plusieurs années. C’est en 1965 que le père et le fils fondent officiellement Morneau Transport. En 1969, l’entreprise fait l’acquisition d’une première remorque réfrigérée, qui vient confirmer en plus du transport de pommes de terre une de ses principales vocations toujours présente aujourd’hui, le transport d’aliments. Et quelques années plus tard, en 1973, Denis Morneau prend les guides de l’entreprise familiale. 

Troisième génération : le grand développement 

Comme bien des fils d’entrepreneur, André Morneau est à un très jeune âge impliqué dans l’entreprise familiale fondée par son grand-père et son père. À 13 ans, il connaissait déjà bien la business, et dirigeait une équipe pour l’ensachage des pommes de terre.  

« On ensachait directement chez le cultivateur. J’avais mes équipes de gars qui conduisaient les camions. On faisait tout le travail avec l’usine mobile pour sortir une vanne de patates en poches de 50 livres, 20 livres ou 10 livres. Quand mon père arrivait avec la van en fin de journée, il fallait que la job soit faite. Il y avait de la pression. » 

Déjà à l’époque, André Morneau se taille une réputation de travaillant et d’exigeant. C’est vers l’âge de 16 ans que son grand-père l’initie à la conduite de camions. À 18 ans, il commence officiellement à conduire les camions de l’entreprise durant l’été, et de 20 à 23 ans, il prend en charge les livraisons de LTL après l’acquisition par Morneau Transport de Viel Transport, dans le Témiscouata. Pendant trois ans, il s’occupe de tout : livraisons, facturation, collecte des comptes, comptabilité. En 1981, il s’assoit avec son père pour une bonne discussion. 

André Morneau et son épouse Maryse lors du 80e devant le camion Chevrolet 1942. Le premier de la flotte.

« Je lui ai dit « si je passais ma vie dans les camions, je ne peux pas tout faire. Moi, je m’assois dans le bureau et on développe ». Mais à peine deux heures plus tard, il me dit qu’il lui manque un chauffeur. Je lui ai dit que je n’embarquais pas dans le camion. Il m’a mis à la porte, mais il est venu me rechercher au bout de trois jours. À partir de là, je me suis installé et on a commencé à développer. » 

Et développer, c’est ce qu’André faisait le mieux. À ce moment, l’entreprise possède cinq tracteurs, une dizaine de remorques et trois camions porteurs. Les acquisitions lui permettent d’obtenir les permis pour couvrir toutes les MRC de Kamouraska, Témiscouata, Rivière-du-Loup et Les Basques. Mais les clients de Montréal et de Québec souhaitaient être desservis par une même entreprise dans plusieurs régions. S’ajoutent alors Rimouski et la Gaspésie.  

« Je sentais que c’était une direction qu’il fallait prendre. Ce n’était pas simple tout le temps, mais on l’a bâti. Et après ça, bien, un coup partis, on s’est dit pourquoi pas le Lac Saint-Jean… De fil en aiguille, on en est venu à avoir une vision de couvrir l’ensemble des régions de la province de Québec. » 

La première étape pour y arriver fût la fondation en 1981 des Associés-Transporteurs du Québec (ATQ), un réseau qui rassemble plusieurs transporteurs régionaux, avec environ 350 camions et 650 remorques. C’est ce qui permet à l’entreprise d’étendre ses activités.  

« On s’était regroupé et on offrait des services pour l’ensemble de la province de Québec. On se rendait compte que c’était un besoin du marché, offrir quelque chose pour la province au complet. Avec l’ATQ dans les années 80, on a développé de la clientèle de cette façon. » 

André Morneau préside l’ATQ de 1986 jusqu’à la fusion avec Morneau Transport en 2001. Mais si on lui demande quand il a pu réellement mettre de l’avant sa vision d’un transporteur desservant toutes les régions du Québec, il peut y mettre une date très précise. Le 1er juillet 1988, soit la date de la dérèglementation. Mais pourquoi, une petite entreprise de transport de Saint-Arsène, au Bas-Saint-Laurent, avoir ainsi l’ambition de couvrir la province au grand complet? 

« Ma motivation, c’était de répondre à un besoin des clients, d’avoir une couverture suffisante. Et au fur et à mesure, tu réalises que tu es capable de le faire et que ça va bien… J’avoue que c’était un trip de voir les gars de la Gaspésie parler avec les gars de l’Abitibi, trouver un volume à faire entre les deux et décider entre eux comment ils vont s’organiser. Le plaisir de la structure organisationnelle et de la logistique autour de ça, parce qu’honnêtement, j’étais plus un gars de logistique qu’un gars de truck. J’aimais voir le mouvement des marchandises. Et plus tu en découvres, plus tu as envie d’en faire. Et tu en viens à rêver d’une organisation qui fait tout. » 

Tout faire, peut-être pas. Mais avec les années, le Groupe Morneau ouvre des terminaux aux quatre coins de la province, de Sept-Îles à Rouyn-Noranda, de New Richmond à Gatineau. Le transport à température prend de l’ampleur avec la création en 1996 d’Eskimo Express qui deviendra Morneau BOREA. Plus récemment, le Groupe Morneau fait une première incursion officielle hors du Québec avec l’ouverture en 2014 de son terminal de Wabush. En 2015, l’entreprise s’est dotée du plus grand terminal LTL de l’île de Montréal en plus de faire l’acquisition des Entreposages Frigorifiques Total. Viennent ensuite l’acquisition en 2019 du transporteur ontarien Beacon Transit Line, et en 2021, de General Cartage. L’élément central de cette croissance et de cette réussite? 

« La capacité à reconnaitre le talent », répond André Morneau. « La capacité à bien cibler les personnes qui aiment vraiment ce qu’elles font, et qui ont envie de s’impliquer, et de les traiter en conséquence. Il y a une façon de déceler le talent, il y a des petits secrets derrière tout ça. Mais il faut que tu t’organises pour t’assurer que la personne ait le goût de performer à chaque jour et de s’impliquer. Parce que le monde du transport, c’est un monde d’investissement financier, mais aussi d’énergie et de temps. » 

Le président du Groupe Morneau n’hésite pas d’ailleurs à souligner et remercier la contribution de toutes et tous qui ont participé au succès de l’entreprise. Sans exclure personne, il souligne celle qui l’a appuyé depuis le début, sa sœur Micheline Morneau, qui aura été son bras droit et sa co-actionnaire durant des années. 

« Il y a eu plusieurs bons partenaires dans l’organisation au fil des années, et mes remerciements vont à tout ce beau monde, mais avec une attention particulière pour ma sœur Micheline, qui a été une partenaire indéfectible. » 

Quatrième génération : la même passion 

En décembre 2021, André Morneau annonçait la nomination de David Morneau au poste de vice-président exploitation et de Catherine Morneau au poste de vice-présidente exécutive et directrice générale. Avec leur arrivée, l’entreprise effectue donc un troisième transfert intergénérationnel. Mais David et Catherine n’ont pas atteint la haute direction du jour au lendemain. Ils sont impliqués dans l’entreprise depuis leur adolescence. 

« On a un peu le parcours typique des relèves », nous dit Catherine Morneau. « On a un peu touché à tout. On n’a pas tout aimé, mais on faisait ce qui devait être fait, avec notre cœur. Et avec le temps, David et moi nous sommes spécialisés dans les choses que nous aimions le plus dans l’organisation. Mais on n’a jamais dit « je n’aime pas ça faire ça ». » 

André Morneau aura appris de son père l’importance du travail bien fait, de l’excellence et de la qualité. Des valeurs qu’il a transmises à David et Catherine. 

« Je suis un gars exigeant. Pour mes enfants, c’était pareil. Je suis perfectionniste, et les demi-mesures… Ils ont été habitués jeunes, tant qu’à faire quelque chose, fais-le bien.  Et moi, du travail pour se débarrasser… Je leur disais : Habitue-toi immédiatement à bien faire les choses, à respecter le monde autour de toi. Vous êtes les enfants de la compagnie. Les gens vont vous regarder d’un œil différent, que vous le vouliez ou non. Le fils et la fille de… Habituez-vous à ça, ils vont être exigeants envers vous, peut-être même plus que je vais l’être… » 

David Morneau admet que ce statut entrainait une pression supplémentaire à bien performer. 

« Parce qu’on savait qu’on était regardé sous tous nos angles, et les gens s’attendaient à ce qu’on performe. Et naturellement, nos performances nous ont amené vers nos champs d’expertise et nos passions, et c’est à partir de là qu’on s’est développé. Et on n’a jamais joué la game de « fils ou fille de » … Je pense que c’est ce qui nous a beaucoup aidé Catherine et moi. Et c’est ce qui fait qu’on est où on est maintenant, parce qu’on a appris de la base. » 

Si la base pour Catherine était principalement dans les bureaux, réception, administration, comptabilité, ressources humaines, pour David, c’est sur le terrain que ça se vivait.  

Catherine et David Morneau

« Que ça soit conduire des camions, travailler sur les docks, des jours, des soirs, des nuits, il n’y a rien qu’on n’a pas fait. Je n’ai jamais changé un pneu sur une remorque, par exemple… je n’ai jamais fait la mécanique de camion lourd, mais à nous deux, Catherine et moi, s’il y a quelque chose qu’on n’a pas fait, je serais surpris. Nous avons été bien entrainés. » 

Sans pour autant avoir de lien direct ou de contrôle sur le travail de David et Catherine, André regardait ses enfants évoluer au sien de l’entreprise, et acquérir expérience et maturité. 

« Je voyais la progression par les commentaires d’un ensemble de personnes. Et quand ils avaient un mandat à accomplir, ils livraient, pas mal tout le temps. Et dans les meetings, je me rendais compte qu’ils étaient aussi capables d’avoir des opinions. Et de les dire fort. Tout n’était pas parfait, mais je me disais : ça commence à me ressembler un peu. » 

André Morneau nous confie que ce constat, la présence d’une relève capable et désireuse de prendre la suite, aura eu un impact important sur lui et sa vision pour le Groupe Morneau. 

« On vieillit tous. Et quand on se rapproche, on commence à se demander quelle sorte de projet on veut entreprendre. Parfois, tu entreprends un projet et tu en as pour dix ou quinze ans. Ce que leur arrivée a changé, c’est la vision à long terme. » 

Groupe Morneau, d’aujourd’hui vers demain 

Le Groupe Morneau a célébré son 80e anniversaire par un grand évènement tenu dans la région qui l’a vu naître. Par la même occasion, le groupe Morneau présentait sa nouvelle image de marque, un nouveau site web et de nouveaux noms pour ses trois principales divisions : Morneau Géo pour le transport général LTL et TL, Morneau Boréa pour le transport et entreposage réfrigéré et Morneau Global pour la logistique et le courtage.  

La mission du Groupe Morneau? 

« Notre raison d’être, c’est de contribuer à la prospérité de la société en transportant l’économie », dit fièrement André Morneau. 

Les valeurs communes : respect, excellence, entraide et responsabilisation. 

C’est justement cette responsabilisation qui a amené l’entreprise à parler de son équipe en tant que collaborateurs, et non employés. Au-delà de l’aspect qui peut sembler cliché, il y a toute une réflexion derrière cette appellation, nous dit André Morneau. 

« Un employé, ça vient chercher une paie, un collaborateur, ça vient aider à bâtir et ça reçoit une compensation financière pour l’énergie et le travail fournis. Ce n’est pas la même chose pour moi. » 

Pour Catherine, le Groupe Morneau c’est une bête courageuse et résiliente, qui a su se réinventer depuis 80 ans. 

« Ce qui nous caractérise, c’est qu’on ne se met pas de limite à ce qu’on peut devenir. Et dans l’industrie, c’est un peu ce qu’on veut porter comme message. Le Groupe Morneau, c’est des gens qui sortent des idées préconçues de ce qui est le transport, sans jamais perdre de vue qu’on est là pour un service. » 

Elle souligne aussi l’importance de rechercher l’équilibre entre excellence et bienveillance dans les relations avec les collaborateurs. 

« Quand je parle d’excellence, André a remonté jusqu’à Denis Morneau, et peut-être même Pierre Morneau, c’est encore important chez Morneau d’être capable de livrer la marchandise et d’offrir un service dans l’excellence. Et il y a l’autre côté, quand je parle de sécurité, de respect, de bienveillance, qui est super important. La façon de vivre au quotidien. Ce n’est pas que de pousser la machine pour être dans la performance et l’excellence sans se soucier de comment les gens se sentent. » 

Alors que le Groupe Morneau fête ses 80 ans et ses succès, André Morneau regarde en arrière et vers l’avant avec fierté. 

« Je ne peux pas être plus fier que ça. Fier pas seulement pour la croissance de l’organisation, mais fier de voir ce que tant de personnes dans cette boite-là sont devenues. C’est totalement extraordinaire comment il y a de monde qui a grandi à travers tout ça. La fierté d’avoir été capables maintenant d’être installés en Ontario pour desservir toute notre clientèle de l’est du Canada, d’avoir réussi à mettre les pieds là et de façon solide, merci à David et Catherine pour ce bout-là, parce que je ne l’aurais peut-être pas fait, sachant l’ampleur de ce que ça prend. Fier de ce que nous sommes devenus, et fier du potentiel. Je regarde ce qu’on peut faire encore, parce que la base humaine de cette organisation, la base technologique et organisationnelle, révèle un potentiel qui peut me rendre encore plus fier. » 

Il serait donc surprenant que le Groupe Morneau s’assoie sur ses lauriers, et qu’il n’y ait pas, au fil des prochaines années, de nouveaux développements. Toujours en respectant, dit André Morneau, cette valeur d’offrir un service qui vient combler une demande.

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