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Transport d’animaux, un métier qui exige de la rigueur

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Quelques recherches sur Internet suffissent pour s'apercevoir que le transport des animaux de ferme n'est pas le métier qui attire la plus grande sympathie de la part du public. Pourtant, les images-chocs ne révèlent pas la rigueur avec laquelle est exercé ce travail ni les efforts des dix dernières années faits par les artisans de cette industrie pour améliorer ses pratiques.

Environ 225 joueurs œuvrent dans l’industrie du transport d’animaux que ce soit porcs, volailles, bovins laitiers et de boucherie, producteurs d’œufs, veaux, lapins, bisons, etc. Tous doivent faire face au même enjeu, celui du bien-être animal. D’ailleurs, ne fait pas ce travail qui veut. Ce dernier est étroitement encadré par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Depuis les huit dernières années, l’ACIA est plus présente et elle n’hésite pas à distribuer les amendes qui vont de 7 000$ à 15 000$ à ceux qui ne respectent pas les règles. Le transport est une étape délicate dans la vie des animaux de ferme. Les sources de stress peuvent être nombreuses et empirent à mesure que la durée des voyages s’allonge. « L’ACIA fait son travail et ses inspecteurs sont rigoureux. On ne peut transporter un animal inapte au transport et malade. La durée du transport est surveillée. Cela nous a amenés à modifier nos façons de faire », explique Alain Manningham, président de l’Association québécoise des transporteurs d’animaux vivants et propriétaire de Transport J.C Manningham.

Parmi les choses qui ont changé, la mise en place d’une formation de trois heures, le Canadian Livestock Transport (CLT). Ce programme d’accréditation bien que non obligatoire est de plus en plus exigé de la part des installations de transformation en Amérique du Nord.  Il consiste à présenter la réglementation en vigueur sur le transport des animaux au Canada, mais aussi les bonnes pratiques pour la manipulation des animaux, les effets du stress au moment du transport et leur impact sur la qualité de la viande, les audits, etc. Olymel qui détient 45 % des parts de marché pour la volaille et 45 % de celles du porc a aussi produit une vidéo de formation obligatoire pour ses transporteurs. « Nous voulons être un leader en bien-être animal. On demande des certificats de manipulation, on explique nos règles et les façons d’agir avec une brochure. Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne, il faut tous travailler ensemble », spécifie Sylvain Fournaise, vice-président, sécurité alimentaire et services techniques chez Olymel.

Une remorque de transport de volailles avec toit amovible en utilisation chez Olymel.

Certains transporteurs, dont Alain Manningham, ont également pris le taureau par les cornes au sein de leur entreprise pour favoriser le bien-être animal. Chez Transport J.C Manningham, les actions débutent au moment même du choix et de l’embauche des employés. « Le chauffeur doit être consciencieux et avoir du doigté. Il faut qu’il soit patient et aime les animaux. Dès le début, nous le supervisons étroitement durant les trois premières semaines. Ce n’est pas toujours évident de comprendre les bêtes. C’est pour cela que le temps d’adaptation est nécessaire pour arriver à déchiffrer leur mode de pensée. » L’homme d’affaires admet s’être déjà départi d’employés qui ne correspondaient pas au profil de son entreprise. « Ce n’est pas toujours très propre transporter des animaux. En raison de la pénurie de chauffeurs, notre défi d’embauche est d’autant plus grand, mais il faut respecter les règles », soutient le transporteur.

Des remorques adaptées

Pour arriver à mieux comprendre les animaux, des spécialistes s’affairent sur des recherches pour établir leurs réactions et leurs comportements. Grâce à ces résultats, les transporteurs ont pu s’inspirer et adapter leur remorque. Marie-Josée Turgeon, agronome,  dans un reportage publié dans le Coopérateur agricole, rapporte que les porcs n’aiment pas descendre les rampes et que les pentes abruptes exigent un effort physique important et augmentent le risque d’essoufflement. En outre, le porc doit s’engager dans un espace étroit, ce qui peut l’effrayer. Solutions, arrondir les coins, rallonger les rampes pour qu’elles soient moins abruptes ou équiper la remorque de planchers qui s’abaissent ou se lèvent ou encore élargir la rampe d’accès pour offrir un dégagement visuel. Évidemment, ces changements demandent des investissements importants et ne sont pas à la portée de tous, surtout si on décide de modifier son parc de véhicules d’un seul coup. « Les remorques sans rampes sont idéales, mais elles coûtent cher », confirme l’agronome. Point que confirme Alain Manningham qui a dû débourser 100 000 $ supplémentaire pour améliorer ses camions.

Bien que les transporteurs ne cessent d’innover, les défis se multiplient comme l’adaptation des remorques au quai des fermes, l’accès du camionneur à la remorque et l’adaptation de la ventilation en cours de route. Sur ce dernier point, Marie-Josée Turgeon mentionne que certains véhicules sont maintenant dotés de sondes qui permettent aux chauffeurs de vérifier depuis la cabine, la température et l’humidité ce qui leur permet de pouvoir moduler la ventilation. Une avancée populaire dans le transport de la volaille qui deviendra sûrement courante pour le transport du porc sur une longue distance.

Innovation dans le transport de la volaille

Du côté du transport de la volaille, l’entreprise Olymel, qui possède des camions dans les Maritimes, a innové pour améliorer le confort des volatiles. Elle s’est procuré des camions avec un toit rigide relevable. Son avantage, les oiseaux restent à l’abri durant le chargement. « Nous avons constaté une amélioration de l’état des oiseaux et la mortalité est en baisse en deçà de 0.5 % », souligne Sylvain Fournaise. Cela s’ajoute au fait qu’Olymel a mis en place un système d’horaire qui prévoit l’arrivée des chargements. Ainsi, l’attente est diminuée et le confort des animaux amélioré. « Nous avons aussi construit des hangars fermés qui protègent les bêtes des aléas de la météo avec de la ventilation contrôlée », dit M. Fournaise.

Dans un proche avenir, l’entreprise entend reconfigurer les cagots qui contiennent les volatiles afin d’avoir une ouverture plus grande, plus d’espace et une meilleure aération. Ces modifications devraient se faire au fur et à mesure et devraient être complétées d’ici deux ans.

L’enjeu de la biosécurité

Crise de la vache folle, grippe aviaire, diarrhée épidémique porcine (DEP) ne sont que quelques-unes des maladies à avoir fait les manchettes au cours des dernières années. Pour éviter la propagation et la fermeture des frontières, les transporteurs ont un rôle de premier plan. Ils ont pris cette responsabilité au sérieux et ont agi. Ils ont mis en place de nombreuses procédures de nettoyage de désinfection et séchage des remorques. Certains ont construit des salles de lavage, ont embauché du personnel et développé des équipements de séchage. Olymel a suivi la situation de près et a échantillonné l’ensemble des remorques. Alain Manningham a pour sa part embauché davantage de personnel. Des coûts supplémentaires qui ont représenté un déboursé de plus de 10 % à 15 %. Pour l’avenir de la biosécurité, le transporteur croit qu’il y a aura des développements au niveau de la robotisation et il ne serait pas surpris de voir certaines pratiques américaines être adoptées par des gens de l’industrie. « Pour être certain d’éliminer tout risque de contamination, certaines entreprises exigent que les remorques entrent dans un hangar où l’on monte la chaleur jusqu’à 70° degrés pendant 15 minutes », donne comme exemple Alain Manningham.

L’entreprise d’Alain Manningham compte 13 camions, il fait partie des gros joueurs de l’industrie du transport de bovins et de porcs.

De nouvelles règles bientôt

Les transporteurs s’y attendent, mais l’ACIA devrait annoncer sous peu les nouvelles règles qui vont régir le transport des animaux. Déjà, les gens de l’industrie s’attendent à des normes plus sévères en ce qui concerne le nombre d’heures pour le transport, les capacités maximales des chargements, les temps de repos, les soins à apporter aux animaux durant le transport, etc.

Par Julie Roy

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