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Vaccination obligatoire à la frontière – Pas d’exemption pour les camionneurs

Vaccin Covid-19
Les États-Unis ont récemment annoncé l’ouverture prochaine de ses frontières avec le Canada pour les voyageurs jugés non-essentiels, à condition que ceux-ci soient vaccinés. Du même coup, le gouvernement américain annonçait son intention d’exiger la vaccination complète à tous voyageurs à compter de janvier prochain. Et contrairement à la question des tests de dépistage, les camionneurs ne seront pas exemptés de cette obligation.

Après plus d’un an et demi de fermeture des frontières terrestres aux voyageurs non-essentiels, les États-Unis s’apprêtent, le 8 novembre prochain, à rouvrir les frontières à l’ensemble des voyageurs canadiens. Cette réouverture est toutefois conditionnelle.

Dans un premier temps, tous les voyageurs qui arriveront par la voie des airs devront être vaccinés et présenter un test négatif pris dans les trois jours précédant leur départ. Pour le passage de la frontière par voie terrestre, seul l’obligation de vaccination sera en vigueur. Cette obligation s’appliquera initialement aux voyageurs non-essentiels, et non aux travailleurs essentiels comme les conducteurs de camion. Mais l’administration Biden a annoncé du même coup qu’à compter de janvier prochain, le vaccin obligatoire s’appliquera à tous les voyageurs, incluant les camionneurs.

Pour Marc Cadieux, président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec, cette annonce n’est pas une surprise.

« On a tous vu les approches des gouvernements pour augmenter le pourcentage de vaccination. C’est sûr qu’à un moment ou un autre, on s’attendait à cette annonce. Est-ce qu’il nous manque des détails? Oui. Quels seront les vaccins reconnus, est-ce que la mixité des vaccins sera reconnue, est-ce que le passeport vaccinal électronique du Québec sera reconnu par les autorités américaines, est-ce que ça va prendre des versions papiers? Il nous reste encore beaucoup de détails à obtenir. »

Marc Cadieux souligne que selon les chiffres recueillis auprès des membres de l’ACQ, les camionneurs sont assez représentatifs de la société en général en termes de taux de vaccination, avec environ 75% des camionneurs vaccinés. Il est toutefois conscient du défi que représente la vaccination de l’ensemble des camionneurs.

« Est-ce que ça inquiète? C’est sûr qu’il y a des employeurs qui souhaitent ardemment que leurs chauffeurs se fassent tous vacciner. Ceux qui disent ne pas trouver le temps, on va réussir à les convaincre qu’il faut prendre le temps de le faire. Est-ce qu’on va réussir à convaincre les récalcitrants qui sont carrément anti-vaccin? J’en doute. Comme dans le reste de la société. »

Anti-vaccin et pénurie de main-d’œuvre

Tout comme dans le cas des travailleurs de la santé, l’annonce de l’obligation vaccinal vient avec son lot d’inquiétudes, notamment en raison de la pénurie de main-d’œuvre déjà bien présente dans l’industrie. Bien entendu, ce n’est pas l’ensemble des conducteurs et conductrices de camion qui traverse la frontière, et l’obligation vaccinale ne sera pas imposée à ceux et celles qui œuvrent uniquement au Canada, du moins, pour l’instant. Mais Marc Cadieux reconnaît que l’obligation vaccinale viendra imposer une complexité additionnelle aux transporteurs qui exploitent leur flotte des deux côtés de la frontière américaine.

« C’est sûr que pour les entreprises qui ont plusieurs créneaux de clientèles, des deux côtés de la frontière, il y a peut-être une réorganisation possible pour les chauffeurs qui faisaient du US et qui ne pourront plus y aller. Et pour ceux qui font presque exclusivement des États-Unis, c’est sûr que la réorganisation va être plus difficile. C’est sûr qu’il y aura un impact. Et même avant la pandémie, on était en pénurie de main-d’œuvre. Donc, tout ce qui vient ajouter de la fragilité à notre pénurie, c’est sûr que c’est une préoccupation. Quel sera l’impact réel? C’est encore très difficile à évaluer. Mais notre principale préoccupation demeure la pénurie de main-d’œuvre. »

Contrairement à ce qui avait été fait lors de l’imposition des tests de dépistage, l’ACQ n’entend pas contester cette exigence.

« On sait très bien que c’est une demande qui serait inutile. Ce sur quoi on peut travailler, ce sont peut-être des délais. Mais honnêtement, plusieurs transporteurs me disent que janvier, comme délai, c’est parfait. Ceux qui ne seront pas vaccinés en janvier, c’est parce qu’ils n’ont jamais eu l’intention de le faire. Maintenant, donnez-nous les détails, pour qu’on n’ait pas de difficulté à transiger vers les postes frontaliers, et qu’on puisse équiper nos chauffeurs et les informer pour qu’ils aient en main les bonnes choses pour ne pas retarder les passages. »

Le syndicat des Teamsters ne semble pas s’y opposer

Du côté du syndicat des Teamsters, on est encore en réflexion sur l’approche à adopter. Aux communications, Stéphane Lacroix nous dit attendre plus de détails avant de se prononcer dans le dossier. Toutefois, en août dernier, les Teamsters avaient clairement affiché leurs couleurs dans le dossier de la vaccination obligatoire des travailleuses et travailleurs des secteurs du transport aérien, ferroviaire et maritime. Dans ce cas précis, le syndicat ne s’était pas opposé à la mesure, et le président des Teamsters, François Laporte, reconnaissait explicitement l’importance de la vaccination.

« Teamsters Canada travaillera avec le gouvernement fédéral au sujet de mise en application de cette nouvelle obligation vaccinale. On s’attend à pouvoir influencer les détails de cette nouvelle politique, notamment en ce qui concerne les accommodements qui seront disponibles pour les travailleuses et travailleurs non vaccinés. Toutefois, notre syndicat se questionne sur l’urgence d’adopter une telle mesure. Le Canada a déjà un des meilleurs programmes de vaccination au monde, et l’idée d’un passeport vaccinal provincial avait beaucoup de potentiel pour encourager la vaccination. La vaccination contre la COVID-19 reste un outil sûr et efficace. La vaccination est également une façon de retrouver la normalité. Notre syndicat continuera de militer pour les droits de travailleuses et travailleurs, ainsi que pour leur sécurité d’emploi, tout en faisant de la santé et sécurité au travail une priorité. »

Stéphane Lacroix nous dit toutefois que depuis cette annonce et celle plus récente concernant la vaccination obligatoire des travailleurs fédéraux, la réflexion des Teamsters a évolué. Mais à ce jour, rien ne semble indiquer que le syndicat s’opposera à cette exigence.

Par Claude Boucher

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