Le Club de Trafic de Montréal célèbre les femmes en logistique
Le 25 mars dernier, le Club de Trafic de Montréal a rendu un hommage bien senti aux femmes en logistique dans le cadre d’un déjeuner-conférence au Grand Quai du Port de Montréal. Les activités de regroupements, dans ce secteur duquel fait partie le Club de Trafic de Montréal, ont souvent la saveur d’un « old boys club », où les hommes représentent la grande majorité des convives. Mais c’était loin d’être le cas, en ce matin pluvieux de début de printemps. Parmi les quelque 400 personnes présentes à ce rendez-vous, les femmes représentaient 80 % de l’auditoire, voire plus.
L’activité a commencé par un cocktail, avant que les participantes et les participants se dirigent vers leur table pour déguster un délicieux repas à trois services. Au cours du repas, le Club de Trafic de Montréal a procédé à un jeu-questionnaire pour animer la salle. C’est après les victuailles que les choses sont devenues plus sérieuses, alors que l’invitée spéciale de l’événement, Isabelle Courville, grande dame de la gestion et de la gouvernance d’entreprise, non seulement au Québec, mais dans toute l’Amérique du Nord, est allée s’asseoir sur la scène, pour répondre aux questions de l’intervieweuse Nathalie Pilon.
Cette dernière, présidente du conseil d’administration de l’Administration portuaire de Montréal (APM), est également une cheffe d’entreprise de haut niveau. Au cours de sa carrière, Nathalie Pilon a été présidente d’ABB Canada et membre du conseil de direction chez ABB pour les Amériques, ainsi que présidente de Thomas & Betts Canada. Nommée comme l’une des 100 femmes les plus puissantes au Canada par le Women’s Executive Network, madame Pilon a reçu un doctorat honorifique de l’Université Concordia en 2018 et siège actuellement sur les conseils d’administration (CA) de HEC Montréal, du Groupe CSA, de Nouveau Monde Graphite, et de Kinova et Lassonde. Cette feuille de route bien garnie n’a pas empêché Nathalie Pilon de se sentir honorée de se retrouver sur le même plateau qu’Isabelle Courville pour cet événement soulignant l’engagement des femmes en logistique.
Madame Courville est présidente du conseil d’administration de CPKC (résultat de la fusion des chemins de fer Canadien Pacific (CP) et de Kansas City Southern. Elle avait été auparavant la toute première femme présidente du conseil d’administration du CP ainsi que la première personne de la gent féminine à présider le conseil d’administration d’une compagnie ferroviaire de catégorie 1 en Amérique du Nord. Isabelle Courville siège également sur les conseils d’administration de Veolia et de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques. Au cours de sa carrière, madame Courville a été présidente du CA de la Banque Laurentienne ainsi que membre des CA de SNC-Lavalin, Gecina et Groupe TVA en plus de présider les opérations d’Hydro-Québec Distribution et d’Hydro-Québec TransÉnergie.
« La journée de la femme du 8 mars nous oblige à revenir à nos racines. Je me souviens quand on se faisait dire que si nous lisions Simone de Beauvoir, nous devenions automatiquement féministes. Si j’ai appris une chose au fil des années, c’est que les droits ne sont jamais acquis. », a dit Isabelle Courville. « Pendant des années, de gros investisseurs me soulignaient l’absence de femmes au sein des conseils d’administration. Aujourd’hui, on n’en parle plus. J’ai demandé aux investisseurs ce qu’ils faisaient en matière de diversité. Chez CPKC, c’est à la base de notre pipeline de ressources. »
Avant son arrivée, CPKA avait l’habitude de gérer en silo, alors que les opérations au Mexique, aux États-Unis et au Canada ne se connaissaient pas vraiment et Isabelle Courville a instauré une culture unique. Questionnée par Nathalie Pilon sur l’influence que le succès des femmes en affaires aujourd’hui peut avoir sur les générations futures, Isabelle Courville répond: « Ce n’est pas toujours le fun d’être la première à occuper un poste, car on est souvent seule et c’est beaucoup mieux de ne pas être seule. Ça prend des modèles, les femmes qui réussissent doivent accepter d’être des modèles pour celles qui suivent. »
Au sujet de la diversité : « Il faut que la diversité apporte à un conseil d’administration une diversité d’opinions, et il faut aussi s’assurer d’avoir des représentants des principaux secteurs couverts, pour présenter une diversité de perspectives. Et la diversité hommes-femmes n’est pas dans mon vocabulaire alors que j’aime chercher la parité à ce chapitre. »
Et pour clore ce jeu de questions et réponses, Isabelle Couville a décidé de partager avec son auditoire trois petits trucs:
- Définir le succès en se donnant des objectifs à atteindre à court terme tant sur le plan personnel qu’au travail et dans la communauté.
- « What would you do if you knew you could not fail ? » Enlever la peur des décisions afin de ne pas penser à la montagne de choses qui pourraient aller mal. Changer d’attitude face à l’erreur. Il faut célébrer l’erreur et apprendre de nos erreurs.
- Comme le disaient Kennedy et Churchill, très tôt dans une carrière, on arrive à un point qu’on donne plus que l’on reçoit afin de faire ressortir le meilleur de nous-mêmes.
Isabelle Courville a terminé ses interventions en mentionnant que ça prend énormément de travail pour s’assurer que le CA fonctionne harmonieusement, mais que cela ne veut pas dire dans l’unanimité. Elle a aussi souligné qu’il est important d’encourager ses collègues féminines afin de leur permettre de gagner en assurance.
Isabelle Courville et Nathalie Pilon ont respecté le conseil de toujours tenter de tirer le meilleur des gens afin de développer de bonnes relations. À en croire par l’ovation que les 400 convives du Club de Trafic de Montréal ont réservé aux deux gestionnaires, il ne fait aucun doute que les femmes ont maintenant leur place en logistique.