L'Écho du transport

Selon Julie Gascon, PDG du port de Montréal, la diversification des marchés passe par des capacités portuaires additionnelles

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Dans sa dernière édition, Transport Magazine publiait un article sur l’avancement des travaux de construction du terminal de conteneurs de Contrecœur, un projet de plus de 1,5 milliard de dollars devant générer 140 000 000$ de retombées économiques annuellement pour la région. Au cours des dernières semaines, ce magazine a eu l’occasion de discuter de ce nouvel ajout au Port de Montréal avec sa présidente-directrice générale, Julie Gascon. Cette dernière a aussi parlé des améliorations qui ont été apportées aux installations portuaires ainsi que des conséquences des tarifs douaniers imposés par le président des États-Unis, Donald Trump sur le transport maritime de marchandises au Canada.

Les ports canadiens seront impactés par les tarifs alors que la majorité du volume de marchandises entrant au port de Montréal, par exemple, sont des produits importés de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie destinés aux marchés du Québec, de l’Ontario, des prairies canadiennes et de la côte Est et du Midwest des États-Unis. « Plusieurs des conteneurs qui arrivent au port de Montréal sont remplis d’intrants pour l’industrie automobile nord-américaine. Le volume des activités au port de Montréal suit l’évolution du produit intérieur brut (PIB), si celui-ci baisse, nos activités ralentissent », explique Julie Gascon.

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Julie Gascon, présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Montréal. (Source : Administration portuaire de Montréal)

Dans le contexte politique actuel résultant de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump pour un second mandat, tous les acteurs économiques canadiens s’entendent pour dire qu’il est temps d’être moins dépendants du marché américain. En ce moment, 70% à 80% de ce qui transite au port de Montréal, en provenance de 140 pays, sont destinés aux États-Unis. « Si 6 % ou 10 % du trafic passant par le port de Montréal se détournait vers l’Europe ou d’autres destinations non américaines, cela changerait ses activités », de dire madame Gascon. « La grande majorité des ports canadiens ont été aménagés pour des opérations maritimes nord-sud. En diversifiant les habitudes pour desservir le marché canadien et pour exporter ailleurs, ça prendrait des capacités portuaires additionnelles et ce qui rend le projet de terminal à conteneurs de Contrecœur encore plus critique. »

Au cours des dernières années, le port de Montréal a investi 62,4 millions de dollars dans l’ajout de six kilomètres de voies supplémentaires et de 6 aiguillages pour desservir les 14 terminaux, afin d’améliorer ses services ferroviaires. Un autre projet complété en 2023, le viaduc Vickers, est un pont de contournement permettant à près de 1500 camions d’éviter le réseau routier local quotidiennement et de se diriger plus rapidement vers l’autoroute 25, cette nouvelle infrastructure permet d’améliorer l’efficacité et la fluidité du transport des marchandises entrant et sortant au port. Présentement au port de Montréal, une portion de près de 70% de la marchandise est transportée par camions alors qu’il est prévu qu’à Contrecœur, quelque 70% de la marchandise seront véhiculés par rail.

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La mise en place de 2 nouvelles voies ferrées totalisant 6 km de voies supplémentaires et de 6 aiguillages pour desservir les 14 terminaux est un grand projet d'optimisation de la capacité ferroviaire du port de Montréal. Un projet phare destiné à l'amélioration, la performance et la fluidité de ses services logistiques. Ce projet ambitieux déployé sur un territoire s'étendant de l'avenue Bourbonnière à la rue Panet, près du pont Jacques-Cartier, représente une augmentation significative de la capacité ferroviaire du Port de Montréal. (Source : Groupe CNW/Administration portuaire de Montréal)

« Le rail, comme le transport maritime, demeure un mode fiable et très environnemental, car chaque train permet de retirer de la route des centaines de camions lourds et réduire les émissions de gaz à effet de serre », énonce Julie Gascon. « Le corridor fluvial Grands Lacs – Saint-Laurent, comprenant le Québec, l’Ontario et des états américains bordant les Grands Lacs, représente la troisième économie au monde. Il faut repenser la chaîne d’approvisionnement en tenant compte de l’importance de ce marché, en facilitant le cabotage le long de ces plans d’eau. En développant cette nouvelle expertise, il va sans dire que nous augmentons notre productivité ainsi que celle de toutes les entreprises manufacturières faisant appel à nos services. »

Spécifions que les activités de manutention et de transbordement de conteneur se sont ajoutées aux opérations du port de Montréal au fil des ans. Le terminal de Contrecœur est différent alors qu’il est conçu comme un terminal à conteneurs. Madame Gascon croit que les gouvernements doivent investir davantage dans les infrastructures maritimes : « Les gouvernements soutiennent le camionnage en investissant dans l’entretien des routes existantes et en construisant de nouvelles infrastructures routières. Dans le monde du transport maritime, les investissements, la plupart du temps, proviennent du secteur privé. La période houleuse que nous traversons présentement est un moment idéal pour repenser la formule. »

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Au mois d’août 2023, après deux ans de travaux, le Port de Montréal a officiellement mis en service son nouveau pont d’étagement au-dessus de la rue Notre-Dame Est dans le secteur Viau. Le viaduc Vickers retire près de 1500 camions du réseau routier local quotidiennement, et améliore l’efficacité et la fluidité du transport des marchandises. (Source : Administration portuaire de Montréal)
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Rendu informatique du futur terminal à conteneurs de Contrecœur, qui devrait ouvrir en 2026. (Source : Administration portuaire de Montréal)

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